DIRECTEUR D’EMS : L’UN DES PLUS BEAUX MÉTIERS DU MONDE.
Le Canton de Vaud est connu, voire reconnu, pour avoir été et depuis longtemps promoteur de développement de nouveaux programmes de santé. Le CHUV est réputé à cet égard et ses collaborations renforcées avec l’EPFL dans le domaine des biotechnologies ne fait que de le démontrer. Mais, ce qui est impressionnant, c’est que ce canton est terreau de développement dans tous les domaines de la santé.
Ainsi pour n’en citer que quelques-uns, dès la deuxième moitié du XXe siècle, il a développé d’importants programmes, visant à externaliser de l’hôpital les soins aux personnes âgées atteintes d’affections chroniques, inventer l’établissement médico-social à cet effet, permettre un accès généralisé aux soins à domicile, créer des structures intermédiaires (courts-séjours, centres d’accueil temporaire et appartements protégés), promouvoir les soins palliatifs, voire même encore légaliser l’assistance au suicide.
C’est dans ce contexte général et au gré de cette évolution que le beau métier de directeur d’EMS a formellement vu le jour. D’abord, les responsables des premiers établissements ont créé en 1957 l’Association Vaudoise d’établissements médico-sociaux (AVDEMS), laquelle, depuis, n’a jamais cessé de créer et innover en matière de prestations pour les personnes âgées.
Des formations professionnelles spécifiques se sont développées, dont celles pour directeurs, des processus d’accompagnement globaux incluant les soins, l’animation et les prestations hôtelières, ainsi que le travail en réseau pour intégrer les EMS au tissu sanitaire des soins à domicile et/ou des soins aigus.
Au fil du temps et comme il se doit, des EMS spécifiques, intégrés dans leurs quartiers et à taille humaine, proches des autres structures de soins et travaillant en interaction avec elles, ont été construits. Progressivement, ce sont des gens de métier qui ont pris la conduite de ces institutions, mettant toute leur énergie et leur sensibilité pour les faire fonctionner au mieux. Expérience faite, ce métier de directeur d’EMS est merveilleusement difficile et complexe.
Complexe parce qu’il implique des compétences multiples. D’abord en gestion, évidemment, puisqu’il s’agit de gérer des entreprises à gros budget, fonctionnant vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept, avec beaucoup de collaborateurs et tout ce que cela entraîne en matière de gestion des ressources humaines. Ensuite, au plan juridique, pour comprendre et intégrer le droit des patients, la multitude de contrats régissant nos rapports avec les partenaires de toutes sortes, mais encore, à nouveau, le droit du travail.
Enfin, au plan des rapports humains, avec une clientèle et son entourage familial, forcément et légitimement anxieux, placés qu’ils sont face à la proximité de la fin de l’existence. Le directeur d’EMS doit avoir le sérieux et la rigueur du comptable, la sensibilité et la compréhension du soignant, le dynamisme et le sens de l’organisation de l’animateur : son rôle tient de l’homme-orchestre, soit donc, sûrement, l’un des plus beaux métiers qui existe !
Pierre Rochat
Président ARODEMS (Association Romande des Directeurs d’EMS)